Toutes ces personnalités dites « nesloises » résidaient ou avaient résidé à Paris, et venaient dans notre village passer la belle saison.
Pierre Pilon 1824-1912
Ancien entrepreneur neslois de peinture et de maçonnerie, Pierre Pilon décide, à sa retraite, d’utiliser ses stocks de peinture en devenant artiste : il peindra même sur des papiers et des cartons.
Grandement apprécié par le docteur Gachet et son fils (d’Auvers sur Oise), il sera un membre actif et fort zélé de la Société française artistique de Pontoise où il exposera ses œuvres jusqu’en 1904.
Il fit partie du Bureau de Bienfaisance de Nesles à qui il légua la somme de 20 000F destinée aux enfants pauvres de la Commune sous réserve qu’ils soient assidus à l’école.
Charles-Jean Agard 1866-1950
Originaire de Dordogne, il commence des études artistiques à Limoges avant de les poursuivre à l’Ecole des Beaux Arts de Paris qu’il quitte bien vite jugeant celle-ci « réfractaire à l’initiative individuelle et impitoyable à toute fantaisie ».
Il travaille en 1897 pour Puvis de Chavanne sur les fresques de Sainte Geneviève, au Panthéon.
Apprécié de Camille Pissarro pour ses qualités de dessinateur, il publie, de 1904 à 1911 une demi-douzaine de lithographies dont « La Route de la Civilisation » dans la revue libertaire « Les Temps nouveaux ».
Il expose régulièrement au Salon des Indépendants, au Salon de la Société nationale des Beaux Arts ainsi qu’au Salon d’Automne.
Il quitte Paris en 1911 pour s’installer à Nesles avec son épouse : il y donnera des cours de dessin aux enfants des villages environnants. Professeur apprécié de ses élèves, il était aussi exigeant que bienveillant.
Fernand-Just Quignon 1854-1941
Né à Paris et fidèle parisien, il achète néanmoins, en 1886, une résidence secondaire à Nesles où il passe une grande partie de l’été.
Son père, fabricant de mobilier, le pousse à une formation de dessinateur dans l’entreprise familiale. Trouvant ce métier « trop industriel », il décide de se consacrer à la peinture.et débute sa formation par un « tour » de l’Italie.
Dès 1909 il expose au Salon de la Société des Artistes français qu’il fréquente assidûment, jusqu’en 1939.
Un champ, un sentier, le jeu de la lumière sur les toitures et les pignons suffisent à motiver les tableaux qui évoquent Nesles et ses alentours.
Gustave Loiseau 1865-1935
Né dans une famille de commerçants parisiens, il est placé en apprentissage chez un boucher. Son père acceptera de le placer chez un peintre-décorateur ce qui lui permet de rencontrer le peintre Fernand-Just Quignon.
Il quitte son patron et s’inscrit en 1888 à l’Ecole des Arts Décoratifs.
Il vient à Nesles en 1889 et reçoit une formation de Quignon dans un atelier qu’ils loueront
à Biard. Deux séjours à Pont Aven lui permettent de rencontrer Gauguin.
Il expose, en 1890, au Salon des Indépendants.
Parisien, il réside souvent à Pontoise et fréquente le docteur Gachet.
Victor Vignon 1847-1909
Né à Villers-Cotterets Victor Vignon a probablement été l’élève de Corot.
Habitant d’Auvers dès 1874/1876 il en peint les environs immédiats dont Nesles.
Il choisit de se joindre et de participer aux Expositions impressionnistes.
Lors de la dernière d’entre elles, il présente 19 toiles d’Auvers et de ses environs.
Il n’a jamais connu le succès de ses amis et confrères qui, à l’initiative d’Auguste Renoir,
lui sont venus en aide en organisant, à son profit, une vente de leurs œuvres.
Les Bail, une dynastie de peintres
Jean-Antoine bail, peintre reconnu par le milieu artistique, se manifeste surtout comme peintre d’intérieurs et de natures mortes. Ses deux fils Franck-Antoine 1858-1924 et Joseph 1862-1921 choisiront aussi la peinture.
Emile Boulard (1863-1943), fils du peintre Auguste Boulard ami de Dupré et de Daubigny, vient en villégiature à Champagne sur Oise. Il rencontre à Nesles, Franck et Joseph Bail peintres et fils du peintre Jean-Antoine Bail (peintre d’intérieur). Il fait ses débuts dans la vie artistique avec eux et épouse leur sœur Amélie en 1889.
Il participe au Salon des Artistes français de 1885 à 1896, puis dès 1896, à celui de la Nationale.
De nombreux prix et médailles ont récompensé sa peinture.
Il se retire à Valmondois.
Ils ont aussi peint Nesles
Né à Paris en 1827 Pierre-Isidore Bureau (1827-1876), élève de Jules Dupré y exposa de 1865 à 1876.Il habite successivement Butry puis Parmain. Il a donc peint Valmondois, L’Isle-Adam, Champagne d’autres villages et donc Nesles.
En 1919 Maurice de Wlaminck (1876-1958) achète une maison à Valmondois. Voisin de Georges Duhamel, c’est à cette époque qu’il vient aussi peindre Nesles.
Habitant de Bessancourt de 1872 à 1897, Antoine Vollon (1833-1900) a également représenté des paysages de Nesles.
Marguerite Mackain-Langlois 1896-1979
Ecossaise par son père, elle montre très jeune un don pour les arts plastiques.
Elle entre en 1915 à l’Ecole du Louvre mais se dirige vers la création dès 1917, à l’Académie Julian où elle s’initie à la sculpture.
Elle expose son premier buste au Salon de la Nationale en 1920. Les ballets russes l’inspirent et la font connaître à l’Académie royale de Londres. Suivent des commandes de la Ville de Paris, de l’Etat et de collectionneurs.
Elle ouvre un atelier à Saint Germain en Laye après la Libération : ses sculptures poussent la Nationale des Beaux Arts à lui demander de former une section d’art religieux.
A plus de 60ans elle adopte la technique de l’eau-forte et fait ses premiers pas dans la bibliophilie (châteaux d’Ile de France, Versailles, petites villes de province …)
Elle fait de longs séjours à Nesles au cours desquels elle rencontre Emile Henriot et accepte d’illustrer son livre « Images de Nesles » pour lequel elle obtient la médaille d’or des Artistes français.
Elle publie un livre sur le Cotentin en 1966 et illustre « Le Peseur d’âmes » d’André Maurois en 1969.
Parisienne certes, mais normande et nesloise de cœur.
Marguerite Mangin-Galliot, MARGAL 1891-1980
Maurice Mangin, négociant, achète une maison à Nesles tout en gardant son domicile parisien.
Margal suit des cours de dessin chez madame Laurent à Valmondois avec d’autres jeunes filles dont Marie-Louise Bescherelle, petite-fille du célèbre grammairien et apprend, à Paris, le métier de modeliste (personne qui conçoit ou exécute des modèles dans le domaine de la mode et de la haute couture). Elle ouvrira une boutique à Deauville.
Après son mariage elle signe peintures, pastels de paysages de Nesles ou de la Côte d’Azur, natures mortes de fruits au pastel et aquarelles du nom de Margal.
Elle a toujours été une Amie des hommes et de la nature très appréciée à Nesles.
Omer Hurtret
Peintre décorateur de boutiques parisiennes.
Robert et Sonia Delaunay
Robert et Sonia Delaunay sont deux artistes peintres. En 1911 Robert Delaunay participe au Salon des Indépendants.
Ils estiment qu’il y a même fusion des arts sous l’égide de l’architecture et leur travail dépasse les limites de la peinture : décors et costumes pour ballets ou cinéma, meubles d’intérieur, tissus, design d’automobiles …
Ils sont pressentis pour participer à la décoration des palais de l’Air et des Chemins de fer pour l’exposition universelle de 1937, soit 2500m2 à décorer avec l’aide de 50 peintres qu’ils ont sélectionnés.
Les dernières œuvres de Robert Delaunay sont exposées au musée d’Art moderne à Paris.
De nombreux documents relatifs à leur projet à Nesles sont conservés dans les archives de ce musée.
Dans celles de la fondation Le Corbusier se trouve aussi un dossier Lotissement et Musée Delaunay.
Diverses raisons dont principalement les effets de la crise économique de 1929 ont provoqué l’abandon de ce projet.
Aimé Veraza 1888-1942, sculpteur
Habitant de Nesles il n’a pas eu le droit de concourir pour le Monument aux Morts de notre village : il réalise cependant celui de notre cimetière.
Il imagine et réalise très près de nous, les Monuments de Vallangoujard, d’Epiais-Rhus et d’Hérouville.
DEUX MUSICIENS EN VILLEGIATURE A NESLES
Eugène Bigot 1888 – 1965
Il restera Premier chef de cet orchestre jusqu’à sa mort et dirigera des formations de grandes villes de province et d’Europe.
Professeur de direction d’orchestre au Conservatoire et à l’Ecole normale de musique de Paris, il trouve le temps d’écrire de nombreuses pièces de musique.
Ses qualités lui ont permis d’aborder tous les styles avec une égale réussite.
Il enregistre des centaines de 78 tours dont un grand nombre existe aujourd’hui en version CD. Les archives de l’INA conservent de très nombreux enregistrements de ses concerts.
Pauline Aubert
Dès 1935, elle quitte l’été son appartement parisien pour une petite maison située à Nesles.
Claveciniste, elle joue aussi du virginal et du piano.
Elle va souvent à la bibliothèque nationale chercher dans les manuscrits des compositeurs des pièces de clavecin : c’est ainsi qu’elle publie les compositions de Louis-Antoine Dornel et de Jean-François Dandrieu et remet à l’honneur Marin Marais.
Elle se produit principalement aux Pays-Bas et en Belgique et a enregistré plus de 100 disques : certains enregistrements se font chez elle pour la ménager.
Lors de ses concerts radiophoniques (1960-1970), elle n’hésite pas à prévenir ses amis neslois de la date et de l’heure de diffusion.
Elle a enseigné à Amsterdam et à la Schola Cantorum de Paris. Elle était aussi professeur particulier à Paris où se rendaient quelques jeunes nesloises.
Elle sera la dernière cliente de l’Hôtel du Château perdu à la fin des années 1970.
Le caricaturiste Henry Maigrot dit HENRIOT 1857-1933
A Paris comme à Nesles, Henriot est un travailleur acharné : il participe à d’autres feuilles humoristiques, Le Journal amusant, Le Boulevardier, La République illustrée
«La maison de mon père, à Paris, à Nesles, c’était la maison de l’amitié (…) Sortant peu, devenu assez rapidement casanier, et polarisé en quelque sorte autour de sa table par un travail qui ne cessait pas, mon père n’était bien que chez lui» Vie de mon père, E Henriot.
Emile Henriot
Collaborateur au journal Le Temps jusqu’en 1940, critique dans le courrier littéraire du Monde, il assure avec autant de compétence que d’ardeur, la succession de Georges Duhamel à la présidence de l’Alliance française. Pour elle il se déplacera sur tous les continents promouvant la langue et la civilisation de son pays, ouvrant des écoles.
« Nesles m’a fixé ; Nesles, son perpétuel bienfait pour moi. J’aime ce lieu ».
Dans certains de ses romans, il ressuscite l’atmosphère de son village avec personnes ou figures facilement reconnaissables par ses contemporains.
Jean-Pierre Derel, La Mémoire du Temps passé
Journées du Patrimoine 1995,1998,2002,2003
Exposition d’août 2009