III – Les Seigneurs et la Seigneurie de Nelle

HISTOIRE D’UN VILLAGE SANS HISTOIRE

EPISODE III

LA SEIGNEURIE ET LES SEIGNEURS DE NELLE

Nous voilà fixés sur la seigneurie, parlons maintenant des seigneurs.

Les Testus, famille distinguée originaire de Touraine, étaient venues s’établir dans le Vexin français, sous le règne de Charles IX. Ils y firent l’acquisition du domaine de Balincourt, situé non loin de NELLE dans la paroisse d’Arronville, terre et châtellenie unies aux seigneuries d’Héréville, Arronville et Margicourt, et dont ils prirent le nom.

L’un des seigneurs, Henri Testu de Balincourt, qui vivait aux XVIème et XVIIème siècles, hérita de la baronnie du Bouloir et autres lieux et ajouta à ses titres celui de baron de Bouloir. Il était capitaine des chasses (1) de la Varenne du Louvre et mourut en 1710. Il eut d’un premier mariage avec Claude Marguerite de Sève, morte des suites de couches le 26 mars 1680, un fils né le 18 mars de la même année, Claude Guillaume Testu, Chevalier, Marquis de Balincourt, baron du Bouloir, Seigneur de Saint Cyr, Chatillon le Roy, Mérobert et autres lieux.

Par lettre du mois de Juillet 1719, la terre de Balincourt fut érigée en Marquisat en sa faveur et il fut créé Maréchal de France en 1746. Marié en 1715 à Marguerite Guillemette Allemand, dame en partie de Montmartin, il mourut sans postérité en 1770. Ce personnage jouissait d’un grand crédit. C’est chez lui que se tenait le tribunal des Maréchaux de France. Nous relevons dans son acte de mariage les passages suivants :

Qui nous éclaireront sur la famille de Balincourt et ses alliances au commencement du XVIIIè siècle.

La dite p1715 – 12 janvier –
Ce jour d’huy, douzième janvier 1715 en présence de Monsieur le Curé d’Arronville, soussigné, ayant pouvoir de Messieurs les curés de la paroisse St-Laurent et de St-Sulpice de la ville de Paris des 9 et 10 du dit mois de janvier, de célébrer le mariage d’entre Mre Claude Guillaume Testu, chevalier, marquis de Balincourt, baron de Bouloir et autres lieux, colonel du régiment d’Artois, brigadier des armées du Roy et chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis de la paroisse Saint Sulpice de Paris d’une part,

Et de demoiselle Marguerite Guillemette Allemand de Montmartin, fille majeure de la paroisse de St Laurent de Paris d’autre part….

Le mariage a été célébré…par messire Guy de Sève, prêtre docteur de la maison et Société de Sorbonne, chanoine, grand archidiacre et grand vicaire du Val, dans la chapelle du château de Balincourt… en présence de François Testu de Balincourt, chevalier, capitaine au régiment d’Artois frère du dit seigneur de Balincourt-de Messire René François Testu de Balincourt, chevalier, seigneur d’Hédouville et d’Us, conseiller honoraire en la grande chancellerie-de Messire Timoléon Testu de Balincourt chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Coulours de Messire Claude Gabriel Testu de Balincourt, chevalier dudit ordre- de Messire Nicolas Testu de Balincourt, chevalier, seigneur de Menouville, cousins paternels dudit seigneur de Balincourt et de Messire Nicolas Mauger prêtre vicaire d’Arronville, lesquels témoins avec les dits seigneurs marquis de Balincourt et demoiselle de Mont martin et le dit sieur de Sève, oncle de ladite demoiselle et cousin germain dudit seigneur de Balincourt et nous curé d’Arronville, ont signé ledit jour.

Henri Testu de Balincourt, baron du Bouloir, père du maréchal, se maria en secondes noces, le 26 Janvier 1682, avec Marie Suzanne Thérèse de Masparault, dont il eut deux enfants, une fille et un fils. La fille, née en 1696, dont le nom n’a point été relevé par les généalogistes, se nommait Madeleine Testu de Balincourt et se fit religieuse à Pontoise.
Elle mourut en l’année même du passage du GRAND GLOBE.
Le registre mortuaire de la communauté de Saint Nicolas de l’Hôtel Dieu de cette ville, lui consacre les lignes suivantes :
Acte de décès de Madeleine Testu de Balincourt dite sœur Anasthasie.

Ce jourd’huy, douzième jour de Juin 1783 est décédée en ce prieuré royal hospitalier Saint Nicolas de Pontoise notre chère mère Madeleine Testu de Balincourt dite sœur Anasthasie, âgée de quatre vingt sept ans quatre mois et soixante quatre de profession religieuse, munie des sacrements de l’Eglise, elle a été inhumée le soir du même jour sur les huit heures, sur le certificat du médecin et permission du juge dans le cimetière conventuel par Me Thomas Boucher chapelain confesseur assisté de plusieurs ecclésiastiques.

En présence de Révérende Dame, Mme Françoise Julie de Sesmaisons ancienne abbesse de l’abbaïe roiale de Bival, prieure dudit prieuré et de la communauté.

Notre chère mère de Balincourt nous a édifiées toute sa vie par la ferveur de sa piété, son amour pour la mortification et pour la pauvreté, son esprit de détachement et sa patience dans la longue et cruelle maladie dont le Seigneur l’a éprouvée pendant deux mois, qui la réduite dans un état déplorable par des douleurs vives et aiguës qu’elle a supportées avec la plus grande édification par sa soumission et résignation à la volonté de Dieu qui lui a fait faire le sacrifice de sa vie avec amour ; sa profonde humilité a été aussi un modèle d’autant plus admirable qu’elle ne s’en est jamais départie n’y prévalue des distinctions que la cour a eue pour ses proches.

Il ne nous reste que d’imiter ses vertus et que le Seigneur lui ait accordé la récompense en l’appelant à lui. S.S.F.J. de Sesmaisons abbesse-prieure Le Boucher Chapelain confesseur.

François Testu, frère aîné de cette respectable dame, né le 13 Octobre 1687, chevalier, seigneur de Hédouville, dit le Comte puis le Marquis de Balincourt, lieutenant général des armées du Roy, épousa le 21 Janvier 1715 Rosalie de Coeuret qui apporta la seigneurie de NELLE dans la maison de Balincourt et mourut en 1766 comme nous l’avons dit plus haut.

Du mariage de Rosalie de Coeuret et de François Testu de Balincourt naquirent sept enfants, à savoir :

  1. Charles Louis Testu de Balincourt sur lequel nous reviendrons dans un moment
  2. Claude Guillaume dit le chevalier de Balincourt, mousquetaire du roi dans la première compagnie. Il mourut en 1757.
  3. Marie Rosalie, mariée en 1745 à Victor du Wicquet dit le baron d’Ordre, morte le 30 Juillet 1751.
  4. Agnès Henriette Félicité mariée à Antoine Henri Claude marquis des Barres
  5. Marguerite Guillemette mariée le 28 Mai 1753 à Antoine de Ranches, chevalier, seigneur de Maudétour.
  6. Odile Thérèse Hélène mariée le 20 Novembre 1758 à François Michel Antoine marquis de Rancher.
  7. Monique Rosalie

L’aîné de cette nombreuse et noble famille (2) qui était Seigneur de NELLE en 1783, est aussi désigné dans les actes publiés de ce temps Très Haut et Très Puissant Seigneur Messire Charles Louis Testu, Comte de Balincourt, maréchal des camps et armées du Roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de St-Louis, gouverneur de Port-Louis et Lorient, seigneur de Balincourt, Nelle, Hédouville Montmartin et autres lieux.

Il avait épousé, en premières noces en 1752, Anne Claudine d’Ally de Saint Point morte le 10 septembre 1772 et en secondes noces en l’année 1778, Anne Alexandrine de Bernard de Champigny.

Du premier lit vinrent :

  1. Amédée Claude Guillaume Rosalie, né le 3 Août 1753, marié le 29 Janvier 1776 à Henriette Zéphirine de Polignac, fille de François Camille, marquis de Polignac, et de Marie Louise de Lagarde, décédé le 30 Septembre 1776.
  2. Claude Guillaume, chevalier de Balincourt capitaine de cavalerie, mort le 2 août 1775.

Les généalogistes ne signalent pas d’enfants nés du second mariage du comte Charles Louis de Balincourt. Nous n’avons pas d’ailleurs à nous entretenir de sa descendance soit du premier, soit du second lit. C’est ce personnage seul, le dernier de Balincourt portant le titre de seigneur de NELLE, qui nous importe de bien connaître.

  1. Droit de chasse : Il est réservé au propriétaire d’un fief sur l’étendue de son territoire. Son interdiction aux paysans, même pour tuer certains animaux nuisibles mettant en danger les récoltes fut confirmée par une ordonnance de 1669, et maintenue durant le 18eme siècle, malgré les troubles agraires que cela pouvait engendrer. En 1789, les paysans sont enfin autorisés à chasser certaines espèces nuisibles durant les périodes de semailles et de récoltes.
  2. On lit dans les notes de M. Le Valois, curé de Pontoise 29 décembre 1766

M le lieutenant Général est allé à NELLE apposer les scellés pour le décès de Mr le Marquis de Balincourt, seigneur de NELLE qui doit être inhumé ce même jour.

Mémoires de la Société historique de Pontoise et du Vexin T IV p.94.

Propos recueillis par Jean Deschamps