1er Episode – L ’EVENEMENT
En 1883, une série d’événements importants a changé la vie dans le village de Nesles-la-Vallée.
1°) la construction de la Mairie et des écoles est en cours d’achèvement et entraîne le percement d’une rue reliant l’église à la rue de Parmain
2°) le projet du chemin de fer est à l’étude
3°) la Société de Secours Mutuel est créée et la Fanfare est fondée par Monsieur François HAUDIQUET le 6 janvier 1883.
C’est cette dernière que nous allons suivre pendant plus de cent ans. François Haudiquet est né le 2 mai 1853 rue de Pontoise à Nesles la Vallée. Il fut incorporé en 1870 dans un régiment de tirailleurs à Constantine comme Clairon – musicien.
Etant doué pour la musique, il s’est mis au travail et s’est perfectionné en solfège pendant son service militaire. Après son retour à Nesles, il se met en tête de former une fanfare avec l’aide de quelques volontaires. Il met son projet à exécution et, le 6 janvier 1883, la Fanfare était fondée.
Il fallait trouver des instruments et des partitions, ceci a du se faire par des dons. Les douze membres de la Société payaient une cotisation mensuelle et tout ce qui pouvait être confectionné par la bonne volonté de chacun équipait la Société comme par exemple les pupitres collectifs. Les partitions étaient souvent manuscrites.
C’était parti, et les débuts furent plutôt héroïques. Les répétitions se faisaient rue de Pontoise dans la salle d’un café dont le chef était le propriétaire exploitant. L’établissement s’appelait « l’Hôtel des Artistes » et avait comme enseigne un rébus représentant par une carafe d’eau, un rat et un pain, ce qui voulait dire « eau, rat, pain » au rapin. Beaucoup d’artistes peintres venaient y faire escale.
Monsieur Haudiquet a dirigé la Société pendant près de trente ans.
Le Maire de Nesles-la-Vallée était à cette époque Monsieur Paul Savalette, Ancien écuyer de l’Empereur Napoléon III. Par la suite, Monsieur Jules Chardon devint le Président de la Société qui commençait à s’organiser.
La fanfare, qui voulait conserver son indépendance contrairement aux autres sociétés qui étaient municipales, n’était pas toujours d’accord avec les représentants de la commune: il y eut des heurts sensationnels.
Le premier eut lieu lors de l’inauguration de la Mairie en septembre 1884 : Monsieur Jules Partois, conseiller municipal, était chargé d’organiser la cérémonie. Le Chef tournant le dos au perron de la mairie ne pouvait voir ce qui se passait derrière lui. Il leva sa baguette et une Marseillaise impromptue, après le discours du Maire mit fin à la cérémonie qui devait se poursuivre par une allocution de Monsieur le Curé venu bénir le nouvel édifice.
Monsieur le Maire, furieux, rentra dans la mairie suivi du représentant du gouvernement. Les conseillers municipaux et les personnes invitées eurent de la peine à le retenir pour présider le vin d’honneur. Les sociétaires des Secours Mutuels et ceux de la Fanfare en furent exclus.
Mais les deux sociétés n’en sont pas restées là: elles firent les frais d’un second vin d’honneur avec brioches qu’elles allèrent offrir cérémonieusement à la Municipalité. Cette farce termina gaiement le différent.
Au fil du temps, la Fanfare commençait à évoluer. Elle se composait comme suit :
- Président : Monsieur Jules Chardon
- Chef directeur : Monsieur François Haudiquet
- Sous-Chef : Monsieur Paul Dupre
- Secrétaire-Trésorier : Monsieur Tourly
- Les musiciens : Langlois, Gourbier, les Frères Auguste et Albert Loitron, Fournaise, Caffin Médard, René Habert, Anatole Philpront, Dorgebray, Albert Patte, etc…
Très rapidemment, malgré sa modeste formation, la Fanfare obtient des succès importants lors des festivals et concours auxquels elle participe. Les récompenses sont nombreuses jusqu’en 1902: médailles, diplômes etc…
A noter que tous les déplacements éloignés se faisaient par chemin de fer. Le petit train du réseau économique qui reliait Valmondois à Marines, rendait de grands services et permettait de prendre la correspondance à Valmondois et Paris.
Pendant cette période, il y eut beaucoup de changements dans la municipalité. Monsieur Savalette démissionna en 1891 et fut remplacé par Monsieur Casimir Caffin. Les relations entre la Municipalité et la Fanfare n’allaient pas mieux et étaient toujours très tendues. En 1902, Monsieur Jules Chardon devint Maire à son tour.
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2ème épisode – LES STATUTS
Jusqu’en 1901, la société se contentait d’un règlement intérieur qui n’avait rien d’officiel. Le 1er juillet 1901, une loi était promulguée, suivie le 16 août 1901 d’un décret obligeant les sociétés à établir des statuts officiels. Voici les premiers statuts de la Fanfare qui par cette occasion, modifie son titre et deviendra, toujours avec un esprit d’indépendance : «FANFARE LIBRE DE NESLES LA VALLEE»
La Fanfare fondée en 1883 à Nesles-la-Vallée par Monsieur Haudiquet est maintenue entre ses membres actuels. Les statuts sont déposés à la Préfecture et prennent le numéro 1.
- Article 1 : La société a pour titre «LA FANFARE LIBRE DE NESLES LA VALLEE».
- Article 2 : Elle a son siège à Nesles la Vallée au domicile de son chef-directeur faisant fonction de Président.
- Article 3 : Elle se compose de membres exécutants et de membres honoraires. Aucun mineur n’est admis à faire partie de la société s’il n’est pourvu à cet effet de l’autorisation écrite de ses parents ou de son tuteur.
- Article 4 : Les membres exécutants se recrutent parmi les amateurs de musique, dans la commune de Nesles-la-Vallée et des communes voisines. Les nouvelles admissions auront lieu sur la présentation du chef directeur par la majorité des membres actifs composant la société.
- Article 5 : Le titre de membre honoraire est donné à toute personne qui s’intéresse à la prospérité de la société et lui vient en aide par le versement d’une cotisation annuelle. L’admission des membres honoraires est prononcée par le Conseil d’administration sur la présentation que lui en fait le chef directeur.
- Article 6 : Les membres exécutants sont tenus d’acquitter chaque mois une cotisation de zéro franc cinquante centimes.
- Article 7: Les membres honoraires paient chaque année une cotisation qui ne peut être moindre de cinq francs, cette cotisation est perçue à domicile.
- Article 8: Les ressources de la société comprennent les cotisations de tous les membres, les subventions accordées par la Commune, le Département, l’Etat, les particuliers et les dons manuels faits à la société.
- Article 9: Les charges consistent en l’achat et l’entretien des instruments, morceaux de musique, costumes, insignes, frais d’éclairage etc…
- Article 10: La société est administrée par un comité ainsi composé :
- un Président d’Honneur
- un secrétaire trésorier
- un chef directeur
- un bibliothécaire
- un sous-chef
- un bureau composé de quatre membres exécutants et quatre membres honoraires par mode d’élection. Durée des fonctions : une année.
- Article 11 : Le Président d’Honneur est élu par le corps de musique à la majorité absolue des membres présents. Ses pouvoirs ont une durée de cinq années. Le directeur est nommé à la majorité des membres exécutants. Tous les autres membres du comité pris parmi les membres exécutants sont élus par le corps de musique à la majorité des membres présents. La durée de leurs fonctions est d’une année. Les quatre membres honoraires du bureau sont élus à la majorité absolue de l’Assemblée Générale des membres honoraires présents. La durée de leur pouvoir est également d’une année. Nul ne peut être appelé à faire partie du comité, s’il n’est pas majeur et en jouissance de ses droits civils.
- Article 12 : Toutes les réunions sont provoquées et présidées par le chef-directeur ou en son absence par le sous-chef.
- Article 13 : Le chef-directeur aura la faculté de disposer des fonds de la société pour faire face aux dépenses urgentes et imprévues à la charge par-là, de faire approuver ces dépenses par le Conseil d’Administration dans le délai d’un mois.
- Article 14 : Le Secrétaire-trésorier est chargé de la tenue de toutes les écritures et de la perception de toutes les écritures et de la perception de toutes les sommes revenants à la société. Il acquitte les dépenses après les avoir fait approuver et mandater par le chef directeur. Toutes ces opérations sont constatées sur un registre coté et paraphé par le chef directeur. Il en est donné connaissance tous les trimestres aux membres exécutants.
- Article 15 : Le bibliothécaire est chargé de la conservation et du classement des archives et des morceaux de musique.
- Article 16 : Les dispositions relatives aux sorties et à la préparation de la société aux fêtes et concours sont prises à la majorité absolue des membres exécutants présents à la réunion. Aucun morceau ne sera exécuté, aucun concert ne sera donné en public sans le consentement de l’autorité locale.
- Article 17 : Un règlement intérieur détermine les jours et heures des répétitions et la quotité des amendes dues par les sociétaires absents.
- Article 18 : Toutes dissertations politiques ou religieuses de même que tout jeu d’argent, de hasard sont rigoureusement interdits pendant toutes les réunions de la société ou du comité.
- Article 19 : En cas de dissolution de la société, les bannières et porte-récompenses seuls seraient déposés à la Mairie de Nesles-la-Vallée. Le fond social, les instruments, les morceaux de musique, les emblèmes, diplômes, récompenses de tout genre etc… et généralement tout ce qui appartiendra à la société et dont un inventaire détaillé aura été dressé et signé par tous les sociétaires en exercice au moment de la dissolution, restera en dépôt pendant cinq années chez le chef directeur.
- Article 20 ; Si pendant ce laps de temps la société vient à se reformer, soit avec les anciens éléments, soit avec la moitié plus un des membres exécutants existants au moment de la dissolution, les bannières, porte-récompenses, fond social, instruments etc… en un mot tout ce qui est énoncé à l’article précédent reviendra de droit à la nouvelle société.
- Article 21 : Si à l’expiration du même délai de cinq ans, la société n’a pas pu se reformer dans les conditions indiquées ci-dessus, le fond social et le produit de la vente de tous les instruments et du matériel dont il est question à l’article 19, sera partagé par parties égales entre tous les membres exécutants existants au moment de la dissolution de la société. Les membres disparus seront représentés par leurs héritiers ou leurs ayants-droit, seuls la bannière et le porte-récompenses resteront en dépôt à la Mairie de Nesles-la-Vallée jusqu’à la formation d’une nouvelle société à laquelle ces deux emblèmes seront remis par les soins du Maire de la Commune.
- Article 22 : Dans le cas où la société viendrait à adopter un uniforme, ce costume devrait différer complètement de la tenue militaire. Il est en outre interdit de faire usage pour désigner les grades ou fonctions, des signes distinctifs en usage dans les armées de terre et de mer. La même production est étendue aux insignes et aux médailles qui ne devront en rien ressembler aux décorations nationales ou étrangères ou autres médailles d’honneur.
- Article 23 : En cas de nouvelles modifications de ces statuts, la société devra solliciter à nouveau l’autorisation prescrite par l’article 29 du Code Pénal.
Nesles-la-Vallée, le 1er mai 1901
certifié par les membres du bureau soussignés
Signé : M. Haudiquet (chef directeur)
M. Tourly (Secrétaire-trésorier)
M. Langlois
M. Jules Chardon (Président)
Avec de tels statuts, il était presque impossible de s’écarter du règlement.
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Première Assemblée Générale
L’an mil neuf cent deux, le onze janvier, la «FANFARE LIBRE DE NESLES LA VALLEE» s’est réunie au domicile de son chef-directeur. A l’ouverture de la séance, le Secrétaire- trésorier donne connaissance à l’assemblée des recettes et des dépenses pour l’année 1901.
Les recettes de l’année 1901 se sont élevées à la somme de Six cent soixante-trois francs et trente centimes au 31 décembre.
Les dépenses de l’année 1901 sont de Sept cent dix-huit francs et quatre-vingt centimes d’où il résulte un débit de Cinquante-cinq francs et cinquante centimes.
Le directeur fait connaître à l’assemblée que conformément à l’article 11 précité de ses statuts approuvés, il y a lieu de procéder à l’élection d’un Président honoraire qui sera nommé pour cinq années. Le scrutin est ouvert et donne les résultats suivants :
– Nombre de votants : 22
Monsieur CHARDON – 22 voix, élu Président
Election du Sous-chef :
Ont obtenu:
Monsieur Dupre – 16 voix
Monsieur Fournaise – 2 voix
Monsieur Caffin Médard – 2 voix
Monsieur Habert – 2 voix
Monsieur Paul Dupre ayant obtenu la majorité est élu et déclare accepter.
Election du Secrétaire-trésorier :
Ont obtenu:
Monsieur Tourly – 18 voix
Monsieur Caffin Médard – 3 voix
Monsieur Tourly ayant obtenu la majorité est élu et déclare accepter.
Election de quatre membres administrateurs :
Ont obtenu :
Monsieur Fournaise – 21 voix
Monsieur Caffin Médard – 19 voix
Monsieur Loitron Auguste – 19 voix
Monsieur Philipperon – 11 voix
Monsieur Loitron Albert – 9 voix
Monsieur Dorgebray – 2 voix
Monsieur Patte – 2 voix
Monsieur Habert – 2 voix
Monsieur Duru – 1 voix
Messieurs Fournaise, Caffin Médard, Loitron Auguste ayant obtenu la majorité sont élus et déclarent accepter.
Il est procédé à un deuxième tour de scrutin pour la nomination d’un quatrième membre administrateur :
Monsieur Philipperon Anatole – 11 voix
Monsieur Loitron Albert – 10 voix
Monsieur Philipperon ayant obtenu la majorité est élu et déclare accepter.
Conformément aux statuts, la durée de leurs pouvoirs est également d’une année. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à dix heures du soir.
Le Président – J. Chardon
Le Secrétaire-trésorier – Tourly
Voilà ! l’organisation était faite et les années suivantes les Assemblées Générales et les réunions de bureau se passeront toutes de la même façon. A noter que la caisse était souvent en déficit et se trouvait renflouée de temps en temps par la générosité du Président Jules Chardon. Tous les ans, la société procédait au renouvellement des membres de son bureau. Les répétitions, les assemblées générales, les réunions de bureau se faisaient toujours au domicile du chef directeur.
Au cours de l’Assemblée Générale du 1er avril 1905, le secrétaire-trésorier, Monsieur Tourly donne sa démission. Après un vote à bulletin secret, Monsieur Fournaise ayant obtenu la majorité par 14 voix est élu et déclare accepter. Un an plus tard, il démissionnait à son tour. Après le vote d’usage à l’Assemblée du 16 décembre 1905, Monsieur Langlasse est élu, mais après une altercation avec le chef-directeur, il déclare ne pouvoir accepter ses fonctions (au sein de la société, il y avait aussi des heurts, ça ne tournait pas toujours bien rond).
Deux nouveaux scrutins suivront, sans résultat, et la séance est levée à 10 heures du soir pour reprendre la semaine suivante où monsieur Langlasse obtient à nouveau la majorité: consulté sur son acceptation ou son refus, il ajourne sa réponse à huitaine et c’est finalement le 30 décembre, que Monsieur Langlasse déclare accepter définitivement les fonctions de Secrétaire-trésorier pour l’année 1905.
Ouf ! C’était reparti pour un tour. Au cours de cette séance, le règlement intérieur est modifié. Cela vaut la peine d’être conté.
Article 1 : Les jours de répétitions ordinaires sont fixés au samedi de chaque semaine. Les dates de répétitions extraordinaires auxquelles il convient de se livrer à l’approche d’un concours ou d’une sortie quelconque sont fixées par le Directeur.
Article 2 : L’heure des répétitions ordinaires est fixée à 8 h 30 du soir, celle des répétitions extraordinaires est fixée par le Chef Directeur.
Article 3 : Chaque membre exécutant présent aux répétitions ordinaires ou extraordinaires ainsi qu’aux sorties quelles qu’elles soient, reçoit une allocation de quinze centimes, par répétition ou sorties.
Article 4 : Chaque membre exécutant, dont l’absence est régulièrement constatée lors des sorties, est passible d’une amende de cinquante centimes.
Article 5 : Le règlement de ces allocations et amendes a lieu à la fin de chaque année ou au moment du départ du sociétaire.
Article 6 : Le présent règlement intérieur n’est applicable ni au porte-bannière, ni au porte-récompenses.
Il entre en vigueur à partir du 1er Janvier 1906.
A la répétition du 7 décembre 1907, Monsieur Haudiquet fait savoir qu’il faut un Secrétaire-Trésorier en remplacement de Monsieur Langlasse, décédé: monsieur Hivet est nommé aux fonctions de Secrétaire-trésorier et déclare accepter.
Le 16 janvier 1909 le poste de Secrétaire-trésorier marqué par le sort est à nouveau sans titulaire: monsieur Alix Léon prend le relais.
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4ème épisode
Sous l’impulsion de son Chef, la Fanfare traverse une période « faste » et participe à différents concours : « Dives-Cabourg en 1923, Deuil Le Havre en 1924 et Trouville en 1925 » en sont les plus marquants.
Sur le plan des relations avec la Municipalité, ce fut moins heureux et les polémiques sur lesquelles nous ne nous étendrons pas, furent nombreuses. A tel point qu’un jour de fête à Nesles, la Fanfare partit faire son concert dans une autre commune.
Au mois d’avril 1924, les membres actifs de la Fanfare Libre de Nesles la Vallée, réunis en Assemblée Extraordinaire, après avoir reçu communication de leur Chef Monsieur René Habert, du résultat du procès que ce dernier avait été défendre en personne devant le Tribunal de simple police du Canton de l’Isle Adam, procès intenté à ladite Fanfare par leur directeur honoraire Monsieur Haudiquet devenu Maire de la Commune, ont décidé ce qui suit:
« En présence des mesquineries et tracasseries du maire en question, envers la société musicale et de son manquement à un accord intervenu en séance publique du Conseil municipal, les membres actifs de la Fanfare Libre de Nesles la Vallée, ont décidé à l’unanimité de retirer à Monsieur Haudiquet le titre de Directeur Honoraire, le jugeant indigne de conserver cette distinction. Cette décision a été signifiée à l’intéressé par lettre recommandée ».
En dehors de tout cela, la bonne humeur régnait toujours au sein de la société, la vedette Jules Duru était toujours là. Un jour, au cours d’une répétition, le Chef arrête le cours d’un morceau à cause d’une fausse note reprochée à Duru qui ne se démoralisant pas pour si peu, reprend la contrebasse et lui dit en plaisantant : René! je ne l’ai pas fait mon Mi bémol? et bah! tiens le v’la! Et il sort une note retentissante suivie d’un rire sarcastique et communicatif.
Les frictions entre la Municipalité et la Fanfare continuaient. Refus d’autorisations et tout ce qui pouvait gêner n’était pas négligé. Si bien que les jeunes gens de la société organisèrent un défilé en musique dans les rues de Nesles avec en tête une potence tenant le Maire pendu en effigie et scandèrent sur l’air des lampions « A l’eau Quequet, à l’eau Quequet, à l’eau ». Encore une manifestation qui n’avait rien de triste et qui se passait dans la farce avec l’accompagnement de la population qui, avec l’occasion qui lui était donnée, en profitait pour se défouler.
En 1925, le 18 janvier, la Fanfare s’est réunie dans la salle des répétitions afin d’entendre après le règlement des comptes, l’exposé de la situation financière ainsi que l’inventaire du matériel musical et des morceaux de musique portés au répertoire qui, après estimation, donnaient un total de 20.196,85 F.
Monsieur René Habert remercie les membres exécutants pour les brillants résultats obtenus soit aux fêtes, soit dans les concours et cela grâce à leur collaboration toujours dévouée. Conformément à l’article 11 des statuts, il est procédé au renouvellement des membres du Comité et du bureau.
Comité :
ont été élus :
Monsieur Chardon, Président
Monsieur Dupre Paul, Sous-Chef
Monsieur Gueffier Paul, Trésorier
Monsieur Dupuis, Secrétaire
Monsieur Parage Jules, Bibliothécaire
Monsieur Parage Henri, Bibliothécaire Adjoint
Bureau : Messieurs Loitron Marius, Marcotty Maurice, MAarcotty Jules, Tarlier Paul
Membres honoraires : Messieurs Leroy Fernand, Parage Julien, Anglaret Charles, Vion Albert
Dans le but de remémorer les résultats brillants obtenus par la Fanfare depuis sa réorganisation de 1919, grâce à la collaboration de tous les membres exécutants et tout particulièrement au dévouement de son chef directeur, Monsieur René Habert, sur la proposition de Monsieur Dupuis, Secrétaire qui en a donné lecture au préalable, il a été décidé d’adjoindre au procès-verbal ce qui suit :
«Les membres présents à l’Assemblée générale du 18 Janvier 1925, en approuvant la gestion de leur chef, le félicitent d’avoir réussi par son organisation à conduire la société dans la voie du progrès, malgré les vides causés par la guerre, constatent que grâce à sa direction, la Fanfare a pu se reformer et arriver par son travail à un résultat sans précédent depuis sa formation, que reconnaissent les membres fondateurs de la société».
Monsieur René Habert, en s’affiliant à la Fédération Musicale de France, obtint de cette dernière de faire décorer les membres fondateurs dont les noms suivent :
– pour 40 années de présence Messieurs Dupre Paul, Marcotty père, Philipperon Anatole, Loitron Auguste, Loitron Albert et Duru Jules.
Ces décorations glorieusement méritées par les musiciens ci-dessus désignés, leur furent remises à l’issue d’un banquet de Sainte-Cécile, présidé par Monsieur Leroy, membre de la Société et conseiller municipal.
Des cours de solfège et d’instrument ont été organisés pendant trois années consécutives dans le but de former des élèves musiciens : plus de cinquante jeunes ont suivi ces cours. Malgré le dévouement du chef directeur, ainsi que celui de ses collaborateurs pris parmi les membres les plus qualifiés, les résultats obtenus furent peu en rapport avec l’effort produit (manque de persévérance des élèves).
Malgré sa popularité régionale et sa prospérité, la Fanfare Libre de Nesles la Vallée, sous de futiles prétextes fut battue et perdit le soutien d’une partie du conseil municipal et tout particulièrement du Maire M. Haudiquet, lequel « employa tous les moyens en son pouvoir pour faire tomber la société dirigée et créée par lui autrefois ».
Il est réconfortant de constater que, grâce à la camaraderie, au bon esprit des musiciens de la Fanfare, toutes les « manoeuvres » dirigées contre elles telles que procès, brimades, refus d’autorisations etc échouèrent piteusement, Il est utile de savoir que Messieurs Leroy et Parage, membres du bureau de la Fanfare et conseillers municipaux, soutinrent en toutes circonstances les intérêts de la Société, qu’ils défendirent auprès du conseil municipal au cours de séances très orageuses.
A suivre……………
René LEGROS
Directeur de 1979 à 1994