Charles-Jean Agard (1866-1950), anarchiste-libertaire assagi, « se met au vert » à Nesles.
Il y a fort à parier que la tombe de Charles Agard dans notre cimetière n’est plus guère fréquentée, il n’y a pourtant guère plus d’un demi-siècle qu’il nous a quittés. Fort heureusement le Musée Louis Senlecq de L’Isle-Adam lui a consacré, en 1993, une exposition, assortie d’un précieux catalogue, présentant de nombreuses œuvres de la collection des frères Flavian, marchands de tableaux, dont les quelque cent tableaux et dessins d’Agard ont été dispersés le 18 juin 1998 à l’Hôtel Drouot.
Né dans une famille bourgeoise de la Dordogne, boursier de son département natal, il commence des études artistiques à Limoges, puis vient à Paris suivre l’enseignement de Gustave Boulanger et Léon Bonnat à l’École des Beaux-Arts, qu’il quitte bien vite, jugeant celui-ci « réfractaire à l’initiative individuelle et impitoyable à toute fantaisie ».
Puvis de Chavanne l’employa pour les fresques de Sainte-Geneviève en 1897. Camille Pissarro appréciait ses qualités de dessinateur : « Il est certainement le plus grand d’entre nous. » Et c’est par son intermédiaire, qu’Agard entra en relation avec l’écrivain Jean Grave, rédacteur en chef de la revue libertaire d’avant-garde « Les Temps nouveaux ». Agard y publia, de 1904 à 1911, une demi-douzaine de lithographies, dont « La Route de la Civilisation » (épreuve conservée au Musée Louis-Senlecq de L’Isle-Adam).
Charles Agard, quitta Paris pour s’installer à Nesles en 1911, En tant que paysagiste, il assure une harmonieuse synthèse entre l’École de Barbizon et un impressionnisme souvent proche de Pissarro. De ses séjours à Nesles il a laissé, outre La chaumière rose (voir p.3), La Vue de Jouy-le-Comte, La vallée du Sausseron à Nesles la Vallée, et Paysanne et son enfant à Nesles, ainsi que Les maisons de la rue Thiébaut à Nesles, ou Le Val Milon et son pendant Maisons aux toits rouges ainsi que sans aucun doute d’autres paysages non localisés.
Paul-Victor Vignon (1847-1909) « Impressionniste méditatif », ami de Pissarro et des frères Van Gogh :
Originaire de Villers-Cotteret dans l’Aisne, Vignon a été l’élève de Corot et il a reçu des conseils d’Adolphe-Félix Cals, mais c’est auprès des paysagistes classiques, notamment hollandais que, dans ses débuts, il affermit un style réfléchi à la recherche de la réalité. Rejeté du Salon, où il n’exposa qu’une fois, en 1878, il choisit de se joindre aux Impressionnistes, bien que sa manière ait toujours refusé de sacrifier le sentiment à la sensation. C’est ainsi qu’il participe, en 1880, à la Ve Exposition impressionniste où il montre des paysages de lieux chers à ses confrères ; Bougival. Chatou, Port-Marly ; le critique Armand Sylvestre l’apprécie, mais comme un « classique lui », qui ne retient que peu des préoccupations de ses amis, Monet entre autres. Il continua de présenter sa production, notamment des paysages de la vallée de la Seine, de l’Aisne, aux expositions impressionnistes de 1881,1882 et 1886. À cette occasion, la huitième et dernière Exposition impressionniste, il ne présentait pas moins de dix-neuf toiles d’Anvers et de ses environs, œuvres que certains de ses confrères ou amis (Monet, Eugène Manet, voire Pissarro lui-même) considéraient, avec peu d’indulgence, comme étrangères à leur recherche.
En effet, Vignon était venu habiter, à partir de 1874-1876, à Anvers une maison dont il a d’ailleurs brossé un tableau. C’est à cette époque qu’il a planté son chevalet à maintes reprises, dans notre village ou ses environs immédiats, s’attardant par exemple sur : Les chaumières du Chenival (1889), La vallée du Sausseron, vue de la plaine de Fontenelle (1888), Le chemin de la plaine de Fontenelle, ou encore un Effet de neige à Nesles (1889), exposé avec succès au printemps 1894. Il s’est également attardé à peindre vers Hédouville (Le Chemin des Vignes), Parmain, Jouy-le-Comte [Église de Jouy-le-Comte : La Cavée, Le chemin du Cimetière (1885)7 Champagne (Le hameau de Vaux (1885). Quelques amateurs avisés possédèrent des toiles de Vignon comme, par exemple le comte Armand Doria dont la collection ne comportait pas moins de vingt-neuf de ses œuvres, même si plusieurs marchands comme le père Tanguy ou le père Martin l’appréciaient, même si, en 1894, les frères Bernheim lui ont consacré une importante rétrospective, et malgré l’action de Théo Van Gogh qui avait dans sa collection deux de ses toiles (dont Femme dans une vigne de 1883), jamais Vignon n’a rencontré le succès de ses confrères : ceux-ci, Renoir en tête, vinrent, à deux reprises au moins, en aide à sa vieillesse très impécunieuse.
Pierre-Isidore Bureau (1827-1880) : Du Salon aux Expositions Impressionnistes :
Ce peintre paysagiste fut l’élève de Jules Dupré – ce qui explique sa prédilection pour LTsle-Adam et ses environs : Champagne, Jouy-le-Comte, Nesles ou Valmondois – et de Boudin, dont il appréciait qu’il ait osé « mettre en tableau des choses et des gens de notre temps ».
Bureau a exposé de 1865 à 1876 au très officiel Salon des Artistes vivants, puis parallèlement, en 1873, au Salon des Refusés. Enfin, par souci de modernisme, il rejoint les Expositions Impressionnistes où il expose à la Première d’entre elles en 1874 chez Nadar, deux vues de Jouy-le-Comte : Le clocher et L’étang. À la seconde Exposition chez Durand-Ruel, en 1876, il montre d’autres paysages dont une Entrée de Nesles et un Château de Valmondois.
Bureau semble s’être fait une spécialité des vues au clair de lune dont on trouve plusieurs exemples dans son œuvre, tel Clair de lune sur les bords de l’Oise, à L’Isle-Adam (Salon de 1867) ou Meules au clair de lune.