Brève histoire de l’urbanisme à Nesles-la-Vallée: la construction de la mairie-école

au XIXème siècle, de la construction de sa mairie
et de Louis-Charles Boileau, architecte.

La mairie de Nesles-la-Vallée Aquarelle de Martine Veyron extraite de Ballade en vexin : la vallée du Sausseron; Editions de la Porte du Barry, rue Gonzagues Florens 12320 Conques

‘La mairie de Nesles-la-Vallée’, Aquarelle de Martine Veyron extraite de Ballade en vexin : la vallée du Sausseron
Editions de la Porte du Barry, rue Gonzagues Florens 12320 Conques

L‘urbanisme à Nesles au XIXème siècle1

Brève histoire de l’urbanisme 2

A l’aube du XIXème siècle, notre village — et singulièrement son centre — avait conservé un aspect très rustique (Voir le plan ci- contre; coll. privée). L’église, dont le portail occidental fait face à la ferme Bertheuil, était bordée sur son flanc nord par le cimetière paroissial. Une petite place s’ouvrait au pied du clocher, au débouché de la rue Saint-Jean. Sur la colline, au sud, se dressaient la ferme et le château — ou plutôt ce qui subsistait de celui-ci, disparu à la suite des démolitions post-révolutionnaires. Le chemin qui conduisait vers L’Isle-Adam les séparait des jardins et des bassins bordant le Sausseron. On accédait, depuis le passage de la rivière (qui fut longtemps un gué), jusqu’au centre du village par une rue étroite et tortueuse, la rue des Glaises, bordée des deux côtés, par des maisons et des clos, plantés parfois de vignes.
Tous les efforts des édiles neslois de cette période, sous l’im­pulsion de leurs maires MM Fressart2, Pétillon3 et Savalète4 entre autres, ont contribué à une meilleure urbanisation du centre du village ainsi qu’à l’amélioration de la circulation.

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L’une de leurs premiè­res préoccupations fut de procéder à l’élargissement et au redressement de la rue des Glaises (Voir ci-dessous dessin de son état ancien), appelée aussi rue du Ponthenay (actuelle­ment rue Jules-Chardon), décidés en novembre 1856, confirmés en mai 1857 et achevés en février 1858. Dès cette époque, soit de 1853 à 1856, on s’était également préoccupé d’une voie en diagonale, baptisée « rue des écoles », partant de la mairie école existante, située approximativement à l’emplacement de l’actuel monument aux Morts, pour rejoindre le triangle de l’actuelle place du Château. Ce projet, pourtant approuvé par l’agent voyer du département fut abandonné à cette époque devant le refus des communes avoisinantes de participer aux frais de cette amélioration. On le reprit, à partir de 1878, comme on va le voir ci-après, à l’occasion de la construction de la nouvelle mairie école.
Une autre grande opération d’urbanisme consista dans le percement du boulevard Pasteur, depuis la rue Saint-Jean, pour gagner la route d’Hédouville, au carrefour de l’actuelle rue des Quatre-Vents. Envisagé dès 1888, ajourné à plusieurs reprises jusqu’en 1898, cette nouvelle artère était livrée à la circulation au mois d’août 1899.
L’aménagement du centre du village fut parachevé avec le dégagement de la mairie décidé dès 1914, mais retardé par la Première Guerre mondiale, entraînant la démolition des maisons situées sur le côté est de l’actuelle rue Pierre Pilon, jusqu’à l’ancienne place de l’église, pour aboutir à la configuration que nous connaissons de nos jours.

La difficile gestation de la nouvelle mairie

La construction d’un nouveau bâtiment communal, à usage à la fois de mairie et d’école, comme l’ancien, établi vers 1830 sur une petite place donnant rue des Glaises, mais conforme au règlement édicté par les lois Jules Ferry de 1880, a mobilisé la municipalité pendant une longue période.Brève histoire de l’urbanisme 4

Le principe d’une construction neuve n’était pas en cause ; par contre l’implantation de celle-ci et les discussions, voire les procédures concernant l’acquisition des terrains ainsi que les modalités du financement de l’opération prirent de longues années. Le point de départ fut la fermeture de l’ancien cimetière, près de l’église, décidée dès 1863, mais effective seulement dix ans plus tard. La démolition d’une maison acquise par la municipalité en 1876, rendait possible, après nivellement, l’aménagement d’une place publique susceptible d’accueillir le nouveau bâtiment municipal. En conséquence, le 17 février 1877, le maire était autorisé par le conseil municipal à entreprendre les démarches relatives à la construction envisagée, sans préjuger pour autant de sa localisation. Soumis à l’approbation des élus le 20 mai 1877, un premier projet, à cet emplacement, fut rejeté ; mis en minorité, le maire, M. Pétillon, préféra démissionner.

La nouvelle municipalité, élue en janvier 1878, se ralliait, sous la conduite du nouveau maire, M. Savalète, à une autre solution, située au lieu-dit « le Ponthenay », sur les terrains du clos Bertheuil et incorporant le percement, envisagé — comme nous l’avons vu — dès 1853, d’une voie en diagonale rejoignant la place du Château. Ce projet paraît avoir été élaboré par l’architecte pressenti pour conduire l’opération, M. Louis-Charles Boileau, ainsi qu’en témoi­gnent ses dessins.

C’est en tout cas ce projet-là qui fut adopté, après enquête auprès des habitants, par 135 voix contre 92 pour la place de l’église. Dès le surlendemain, l’acquisition d’un terrain de 27,50 ares était conclue et en août de cette même année 1878, le « projet Boileau » était approuvé dans toutes ses parties. La dépense totale s’élevait à 55 629,98 F, dont 46 186,98 F pour le bâtiment, le tout étant financé par un emprunt au taux de 5 %, intérêts et amortissements compris.

Les opposants ne désarmaient cependant pas : les années 1880 à 1882 seront occupées à de nombreuses escarmouches de procédure à propos des expropriations pour la nouvelle rue. Finalement, tout semble rentrer dans l’ordre en janvier 1883, lorsque le conseil entérine l’ad­judication des travaux et une augmentation de 10 086,63 F de la dépense prévue. L’ouvrage devait être déjà bien avancé à cette date, car il fut possible d’occuper les nouveaux locaux dès la rentrée des classes de 1883.

La Mairie de Nesles : un bâtiment « à la mode » !

Le nouveau bâtiment communal, orienté sensiblement d’est en ouest, dont la façade princi­pale donne au nord, réserve sur son arrière, au sud, une cour de récréation destinée aux enfants des deux écoles, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons. Le plan, très simple, présente un avant- corps central relié par de courtes ailes aux deux pavillons de plan carré qui renferment les deux salles de classe. Le corps central est réservé aux servi­ces municipaux, dont une vaste « salle du conseil » précédée d’un vestibule desservant des bureaux ; des logements pour les instituteurs sont aménagés à l’étage.

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En élévation, l’ensemble est assis sur un socle destiné à compenser la déclivité du terrain que gravissent plusieurs perrons. Le corps central, composé de deux niveaux sous une haute toiture d’ardoise, s’inscrit en légère saillie sur les ailes et les pavillons latéraux hauts d’un seul niveau ; il s’encadre entre des tourel­les, couronnées par un clocheton en dôme, abritant les escaliers menant aux étages. La façade en pierre de taille est soigneusement appareillée ; on a particulièrement fignolé les détails de la modénature : des pilastres couvrent les murs, des moulures marquent les niveaux, tant sur le corps principal que sur les tourelles ou les murs latéraux des pavillons ; les encadrements des fenêtres sont finement moulurés. Accessoire obligé d’une mairie, l’horloge s’inscrit dans un cartel de pierre brochant sur le toit ; de grandes cheminées de briques achèvent de donner une certaine solennité à la composition.

Par son style, rappelant le début du XVIIème siècle mais que l’on pourrait plutôt qualifier « d’éclectique », le bâtiment conçu par Louis-Charles Boileau5 s’inscrit dans la tradition des édifices municipaux élevés au dernier tiers du XIXème siècle. Le programme architectural de « l’hôtel de ville » avait connu un nouveau développement notamment à Paris, sous Haussmann, suite de la création des mairies d’arrondissement. C’est aussi l’époque (1874-1882) où, réparant les ravages de la Commune, Théodore Ballu reconstruit l’hôtel de ville de Paris, dans un style néo­renaissance, lointainement inspiré de l’original dessiné au XVIème siècle par Le Boccador. Comme collaborateur attitré de la revue L’Architecture, Boileau est d’ailleurs l’auteur d’une publication consacrée aux hôtels de ville et mairies, parue en 1894 ; il avait lui-même exposé au Salon de 1870, un projet de mairie pour la ville de Périers (Manche). On lui attribue également d’autres bâtiments édilitaires, notamment à Neuvy-le-Roi (Indre-et-Loire) et à Verjux (Saône-et-Loire). Félix Roguet6 son associé pour un devis de restaurations à l’église de Nesles, le 10 février 1869 (Voir Fonds de la fabrique de Nesles-la-Vallée aux Archives départementales du Val-d’Oise), et que nous retrouverons, toujours associé à Boileau, quelques années plus tard, pour divers travaux à L’Isle-Adam, avait exposé à l’Exposition Universelle de 1878 un projet pour une annexe de l’hôtel de ville de Paris et un bâtiment pour les Archives municipales de Paris.

Si Louis-Charles Boileau a beaucoup construit et si, selon le jugement – plutôt sévère – d’un historien récent (M. Emery, Un siècle d’architecture moderne, 1850-1950, Paris 1971, pp. 26- 27) : « la plupart de ses œuvres ne dépassent pas le niveau moyen d’une bonne architecture commerciale », sa personnalité n’en demeure pas moins très attrayante. En effet, il a travaillé à une période où s’instaurait, du fait des progrès de la technique, notamment métallurgique, un débat entre l’architecture « décorative » et l’architecture « fonctionnaliste », entre l’architecte- ingénieur et l’architecte-artiste, débat auquel il a largement participé par ses écrits (de nombreuses Causeries dans la revue « L’Architecture« ) autant que par ses réalisations.

 

Les contradictions de Louis-Charles Boileau
(Paris 28 octobre 1837 – Bordeaux 17 septembre 1914)

 

Ce « fils à papa » devient communard…

Après des études à l’école des Beaux-Arts (promotion 1860) où il est peu probable qu’il ait pu y être l’élève de Viollet-le-Duc démissionnaire en 1864, quelques semaines seulement après sa nomination, la carrière de Louis-Charles débute dans le sillage de son père, Louis- Auguste, dont la réputation s’était affirmée par la construction d’églises à structure métallique, notamment en 1854-1855 à Paris (Saint-Eugène) et en 1864-1869, à Montluçon (Saint-Paul), ainsi que par diverses publications sur les théories — plutôt « futuristes » — de la « Cathédrale synthétique », enjeu d’une virulente polémique, par revues interposées, avec Viollet-le-Duc. Le jeune Louis-Charles est associé à son père pour le Salon de 1865, où ils présentent conjointe­ment divers dessins pour l’église du Vésinet (Sainte-Marguerite). Le fils conduisit d’ailleurs le chantier de ce bâtiment, très innovant, car couvert d’une voûte métallique et aux murs de béton banché, exceptionnels pour l’époque, et qui a parfaitement résisté à l’épreuve du temps. Dans la tradition de la construction des serres alors très à la mode, une des premières œuvres du jeune architecte est un « jardin d’hiver avec bain turc » pour l’hôtel Branicki (démoli), à Paris, 54, rue La Boétie publié quelques années plus tard (1874) dans L’Encyclopédie d’Architecture.

La guerre de 1870 et l’épisode de la Commune de Paris constituent un moment particulier dans la biographie de Louis-Charles Boileau. En mars 1871, après le départ du gouvernement à Versailles, la Fédération des artistes dirigée par le peintre Courbet, fut chargée par la Commune d’élire des délégués pour surveiller les conservateurs du musée du Louvre demeurés à leur poste. Destitués, ils furent remplacés par une commission où figuraient un peintre, Jules Hereau, un sculpteur, Jules Dalou, un architecte, Louis-Charles Boileau, et un administrateur, Achille Oudinot. L’incendie, allumé dans la nuit du 23 au 24 mai 1871 par les Fédérés, put être circonscrit au palais des Tuileries et n’endommagea que la bibliothèque du musée. S’étant désolidarisés des violences des insurgés, les artistes de la commission réussirent, conjointement avec les troupes versaillaises, à sauvegarder les bâtiments du musée, dont une partie des collections avaient été évacuées7. Seul des trois artistes, Jules Dalou s’exila en Angleterre, d’où il ne rentra qu’après l’amnistie de 1878. Louis-Charles Boileau ne semble pas avoir été inquiété ; « bonne fille », la même République lui confia, après concours, la réalisation d’un monument (d’une piètre qualité) à la mémoire de Gambetta, érigé en 1888 dans la cour Napoléon du Louvre. Il a été démoli lors de l’érection, en 1982, de la Pyramide du Louvre ; cependant la statue de Gambetta qui l’ornait, œuvre du sculpteur J.-P. Aube, mutilée par le démontage, a été transférée dans le square Edouard Vaillant, 48 avenue Gambetta, Paris 20e.

Un théoricien hardi…

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Ce sont les travaux réalisés pour la famille Boucicaut, propriétaire-fondateur des Grands Magasins du Bon Marché, 22 rue de Sèvres à Paris, qui vont asseoir la réputation de Louis- Charles Boileau. De 1873 à 1898, à la suite d’une première construction8, à ossature en bois, par l’architecte Laplanche (1869), on confia aux Boileau les nouvelles tranches du magasin réalisées en charpentes métalliques, comman­dées d’abord à Armand Moisant, puis a-t-on avancé sans preuve — à Gustave Eiffel. (Voir ci- après : Au Bon Marché, vue sur le grand escalier, gravure d’après L.-C. Boileau. Encyclopédie d’architecture, 1876, pl. 319) Louis-Charles explique ainsi l’économie de son projet : il faut « envisager non plus les pleins de l’édifice, mais le vide qu’il enve­loppe […] et par la profusion de la lumière ou son économie, créer des éclats, des demi-jours ou des reflets qui fassent scintiller la clarté dans l’espace. Dans ce concert lumineux, l’architecture solide jouera le rôle de la sertissure d’une pierre fine : elle devra compter juste assez pour faire vibrer avec toute l’intensité possible ce plein jour intérieur9. » Cette théorie de « l’éclairage par la lumière » sera reprise dans d’autres articles, plus ou moins confus, notamment en 1890 et 1891 dans la revue L’architecture.

De fait, toute la nouveauté de cette réalisation résidait dans la manière dont la marchandise était mise en valeur par le jeu de la lumière. La typologie du grand magasin définie par Boileau servit de modèle aux grands magasins construits par la suite, entre autres « Le Printemps » ou « La Samaritaine ». Signalons au passage que le magasin décrit par Zola dans son roman Au Bonheur des Dames s’inspire du « Bon Marché » de Boileau10. Les travaux conduits par notre architecte (agrandissements successifs, remises, écuries, logements pour le personnel) s’éten­dent aussi à des constructions privées : villa Boucicaut à Fontenay-aux-Roses (1880-1881) ou monument funéraire pour Mme Boucicaut (1889).

… mais conventionnel dans ses réalisations…

En effet, dans la plupart de ses autres œuvres, L.-C. Boileau se montre tout à fait traditionnel, sacrifiant volontiers au pastiche, avec une prédilection marquée pour le « néo-renaissance », ainsi qu’on peut le constater à L’Isle-Adam dans diverses constructions attestées ou seulement attribuées, réalisées par lui seul, ou en collaboration avec Félix Roguet11 : à l’église Saint-Martin (après 1869) le clocher, pâle copie de celui de La Trinité à Paris12 et la chapelle de la Vierge (1878), le presbytère (1868), et surtout la mairie (après 1866). Il faut y ajouter un projet pour une école de garçons exposé au salon de 1880, qui est peut-être l’actuelle école Camus. Signalons enfin, en 1889, le monument Funéraire de l’abbé Grimot, curé de L’Isle-Adam.

Il semble bien, d’ailleurs, que notre architecte ait été très prisé par les Adamois. Sans doute a-t-il fréquenté le château de Stors, propriété à cette époque de M. Cheuvreux-Aubertot, car il construit un hôtel particulier pour le neveu de celui-ci, le sénateur Léon Say (à Paris, avenue de New-York, 1881) et pour le comte de Montebello, hôte également du château de Stors, un hôtel (à Paris, 11-15, rue Hamelin [1891]).

…et très conservateur dans ses opinions : « L’affaire de la Tour Eiffel »

Brève histoire de l’urbanisme 7En tête du dessin ci-contre, conservé au Musée d’Orsay, voici ce qu’écrivait Louis-Charles Boileau, le 6 mai 1887.

La tour Eiffel est un squelette
Dont on peut admirer les os.
La mienne, quoique plus complète,
A certes, outre maints défauts,
Celui de dépasser la page
Mais, par Gamier et Dumas
Je jure, à son grand avantage,
Qu’on ne l’exécutera pas.

C’était la contribution, certes humoristique et mesurée, mais combien symptomatique du parti choisi, que notre architecte appor­tait à la véhémente polémique qu’avait inauguré, dans le journal Le Temps du 14 février de cette même année, « la protestation », signée de quarante-sept noms, « des artistes contre la Tour Eiffel ». Soutenus en sous-main par les caciques de l’Académie des Beaux-Arts qui trouvaient trop belle la part faite à l’architecture du fer dans les constructions de la future Exposition Universelle de 1889, ils s’en prirent à ce qui devait en constituer le « clou ». Quelques littérateurs, membres de l’Acadé­mie française, avaient joint leurs voix au concert de protestations, tels François Coppée, Leconte de Lisle ou Sully Prudhomme. Louis-Charles Boileau confirmait ainsi sa perplexité devant « l’inexorable mesquine­rie du métal considéré comme matière décorative » et, dans une série d’articles publiés dans la revue L’Architecture , il tentait d’expliquer que la « ferraille industrielle » devait être reléguée dans les structures invisibles du bâtiment, permettant à l’architecte de donner libre cours à son talent d’artiste.

On sait ce qu’il en advint : la Tour Eiffel rencontra un incontestable succès, mais on peut sans doute ajouter que, si elle a marqué l’apothéose de l’architecture du fer, paradoxalement elle ouvrait une nouvelle époque à la fois au plan esthétique et au plan technique. Le béton armé, dont la technique avait atteint sa maturité, allait permettre un retour à l’ornement et accompa­gner le renouveau décoratif de « L’Art nouveau », avant que ne se développe le concept d’une architecture « fonctionnaliste », dont l’Exposition Universelle de 1937 sera le point d’orgue.

Il n’est pas sans intérêt de noter que Louis-Charles Boileau apparaît là encore comme un novateur : il a présenté, dès 1899, un projet, récompensé d’une médaille, pour les terrasses en béton armé d’un bâtiment aux Etats-Unis13. Ceci prend toute son importance lorsque l’on sait que son fils, Louis-Hippolyte (1878-1948), le troisième membre de cette dynastie d’architectes, a retenu, pour la première fois en France, une telle solution pour la couverture de sa première œuvre (en collaboration avec Henri Tauzin) : l’hôtel Lutetia à Paris (1910).

Le dernier héritier de la « dynastie » Boileau accompagnera l’évolution de l’architecture puisqu’il devait être, avec ses confrères Carlu et Azema, l’un des architectes retenus en 1935 pour la construction du Palais de Chaillot.

Remerciements : à l’Institut français d’Architecture à Paris et au Musée Louis-Senlecq de L’Isle-Adam.
  1. La présente étude n’aurait pas été possible sans l’irremplaçable travail de dépouillement des registres de délibérations municipales auquel s’est attaché M. E.J-B. Marchand, dans son Histoire de Nesles-la-Vallée, parue en 1937 et rééditée en 1990 par Val-d’Oise Éditions. En effet, une très grande partie des archives qu’il avait pu consulter ne figure pas dans le fonds recueilli par les Archives Départementales du Val-d’Oise, lacunaires pour les années antérieures à 1843 et postérieures à 1873. Notre seul travail a consisté à organiser ce qu’il avait recueilli en fonction de notre propos.
  2. M. Fressart, maire initialement nommé par le préfet, comme c’était encore le cas sous Louis-Philippe, fut réélu par les habitants de Nesles, en août 1848 après l’institution du suffrage universel.
  3. M. Petillon joua un grand rôle, lors de la défense de l’Oise, à Parmain, du 22 au 29 septembre 1870.
  4. M. Paul Savalete était un ancien écuyer de l’Empereur Napoléon III.
  5. Voir Dictionnaire général des artistes de l’École Française, Supplément, p. 78.
  6. ibid., t. II p. 407.
  7. Sur le rôle joué par les artistes fédérés notamment Jules Hereau, on pourra lire. Maxime Du Camp : « Les Convulsions de Paris ».
  8. Concernant l’activité de L.-C. Boileau pour la famille Boucicaut et « Le Bon Marché » voir dans B. Pons et A. Forray-Carlier La Rue du Bac. (Paris, 1990) les études de François Faraut et Cloud Dupuy De Grandpre, pp.79-96.
  9. Extrait de la Revue de l’encyclopédie d’Architecture, 1876, p. 120
  10. Zola, toujours méthodique, qui avait visité « Le Bon Marché » en 1882, s’est également documenté auprès de l’architecte Frantz Jourdain, auteur des grands magasins de « A la Samaritaine » et créateur du Salon d’Automne.
  11. Félix Roguet a contribué également à la restauration du château de Chenonceau, ce qui explique peut-être le style néo-Renaissance de l’hôtel de ville de L’Isle-Adam.
  12. Boileau était inspecteur de l’église de La Trinité à Paris.
  13. Projet publié en 1900 dans la revue L’Architecture

Jean-Pierre Derel
La Mémoire du Temps passé
Journées du Patrimoine 1997