Après l’Impressionnisme

Fernand Just Quignon (1854-1941) Gustave Loiseau (1865-1935)

 

Naissance d’une vocation de peintre : 

Né dans une famille de commerçants parisiens du quartier de Chaillot, le jeune Gustave Loiseau, paraît avoir montré très jeune une vraie passion pour le dessin et la peinture. Il n’apprécia guère d’avoir été mis en apprentissage, dès l’âge de quatorze ans, chez un boucher. Etant tombé malade, l’enfant eut le courage d’avouer qu’il souhaitait se consacrer à la peinture qu’il pratiquait alors sur le motif, non sans talent, en amateur. Son père, compréhensif, le plaça chez un peintre-décorateur, Quelques années plus tard, âgé de vingt-deux ans, le jeune Loiseau, son service militaire fait, doté d’une petite aisance par un héritage providentiel reçu de sa grand-mère, bien décidé à se consacrer entièrement à la peinture, quitte son patron, vient vivre à Montmartre et s’inscrit à l’École des Arts Décoratifs, où il passe l’année 1888. C’est alors, au début de 1889, qu’il vient à Nesles auprès du peintre de paysage Ferdinand Just Quignon, dont, quelques années auparavant, jeune apprenti peintre-décorateur, il avait décoré l’appartement parisien ; il recevra de celui-ci, pendant six mois, une formation pratique, sur le motif. H complète son bagage artistique par des séjours à Pont-Aven en 1890 et 1894 où il rencontre Gauguin, dont il copie une nature morte, sans pour autant céder à la manière du « synthétisme ».

Avec le temps, vient la renommée : deux toiles exposées au Salon des Indépendants de 1890 le font remarquer par le galeriste Le Barc de Bouteville qui l’expose jusqu’en 1895, date à laquelle Durand-Ruel s’intéresse à lui. Dans sa galerie de la rue Laffitte, celui-ci organise, du 25 mars au 6 avril 1901, la première grande rétrospective de l’œuvre de Loiseau présentant, conjointement avec des toiles de Georges Manzana Pissarro, plus de quarante œuvres.

Outre des séjours en Bretagne, en Normandie, et dans les vallées de la Seine, de l’Oise ou de l’Eure, il réside souvent à Pontoise, fréquentant le Docteur Gachet à Anvers, poussant même jusqu’à Nesles, ainsi qu’en témoignent La vue de Nesles, ci-dessus, tout dernièrement passée en vente à Calais, ou bien Le Sausseron à Nesles la Vallée, vendu à New York en 1990.

 

Une énigme : La maison de la mère Quatorze à Nesles.

Durant l’été 1902 (du 19 juillet à la fin septembre), la Société des Amis des Arts de Dieppe organise une grande exposition-vente à laquelle Loiseau participe aux côtés de trente-quatre exposants dont, parmi d’autres, Pissarro, Renoir, Monet, Lebourg. Un peintre local, Charles Dufour, rendant compte de l’exposition dans la gazette du lieu, « égratigne » Loiseau pour ses deux toiles dont La maison de la mère Quatorze à Nesles. Il en trouve « le dessin vacillant, sous la bizarrerie bigarrée de son tachisme… d’une coloration si peu harmonieuse bien que notoire­ment fantaisiste ». Voici quelques années, cette œuvre, passée en vente à Paris, fut achetée par un amateur de la région de Poitiers qui chercha à se renseigner auprès de la municipalité en vue de mieux situer ce paysage. Nous ne savons ce qu’il en est advenu. Peut-être quelque lecteur neslois pourra-t-il nous aider à lever l’incertitude !

 

Deux artistes féminines : Marguerite Galliot, Marguerite Mackain-Langlois. (1896-1979)

 Elles sont quasiment contemporaines et ont longuement séjourné à Nesles, l’une, issue d’une vieille famille nesloise, les Mangin, habitait route de Parmain. L’autre, une villégia­turante parisienne passait de longs moments dans son chalet, à flanc de colline, de la rue du Moncel. Toutes les deux se sont attachées à rendre nos paysages. Le dessin original de Marguerite Mangin (elle signa Margal après son mariage avec M. Galliot), a paru dans les pages « La vie au village » de L’Almanach Parisien de D. L. Pelet, pour l’année 1914. Il représente un des derniers chaumes de Nesles : la maison du peintre Quignon.

On conserve de Margal, dans plusieurs familles nesloises, des peintures, des dessins au pastel de paysages de Nesles ainsi que de la Côte d’Azur où elle séjourna, après son mariage, des natures mortes de fruits et de fines aquarelles de fleurs dont son jardin était rempli.

Marguerite Mackain-Langlois, d’abord attirée par la sculpture, a laissé un fond très important de dessins et de gravures représentant les paysages de Nesles et du Cotentin (Saint Vaast la Hougue), où l’avait conduite son mariage avec le descendant d’une famille d’arma­teurs caennais, musicien-compositeur. Une exposition récente (janvier-février 2000), due à la pieuse initiative de sa fille, s’est tenue à Caen, et a fait l’objet d’un magnifique catalogue illustré. Mme Mackain-Langlois a fréquenté le « milieu littéraire neslois » des familles Vildrac, Duhamel et Henriot. C’est ainsi qu’elle fut conviée à illustrer de gravures un ouvrage d’Émile Henriot Images de Nesles (Publication des Bibliophiles d’Ile-de-France, 1960) reproduisant des vues intimistes des paysages de la vallée du Sausseron, comme cette vue du château de Labbeville ci-dessus. Cette publication faisait suite à un ouvrage de bibliophilie, en trois volu­mes consacrés, sur un texte d’Ernest de Ganay, aux Châteaux d’Ile-de-France (1957-1961). Marguerite Mackain-Langlois a également illustré, entre autres, un texte d’André Maurois : Le Peseur d’âmes (1969).

Qu’il nous soit permis, pour terminer, de former un vœu !

C’est que soit organisée, un jour à venir, une exposition réunissant des œuvres des artistes qui ont illustré, dans leurs œuvres, les sites de notre village…

Nous adressons à tous les lecteurs un appel pour nous aider dans cette entreprise… A bientôt.

 

Une leçon de courage : Pauline Aubert, claveciniste et musicologue :

Rue du Chenival, dans une maison, coincée entre la route et la voie ferrée, aujourd’hui disparue, a vécu dans la première moitié du xxe siècle, avec sa sœur, Marguerite, une musicienne, Mademoiselle Pauline Aubert, dont la vie constitue un bel exemple de courage et de ténacité.

Affligée, dès l’enfance, d’une maladie particulièrement invalidante, qui la contraignait à rester allongée immobile sur une planche, elle apprit à jouer sur un clavier dessiné sur une planche disposée au-dessus de son lit.

Elle poursuit sa formation à Londres, auprès du musicologue et luthier anglais Arnold Dolmetsch qui avait publié en 1915 un traité d’interprétation de la musique des xvnc et XVIIIe siè­cles. C’est ainsi qu’elle devient, dès la fin de son adolescence, une remarquable interprète de pièces pour clavecin. Elle a enseigné à Amsterdam et à la Schola Cantorum de Paris, enregis­trant de nombreuses pièces pour clavecin des musiciens français (entre autres Marin Marais, aujourd’hui redevenu à la mode) de l’époque baroque dans la collection de 1 ’Anthologie sonore et publiant l’œuvre du musicien Dandrieu.

Par son action et par son exemple, Pauline Aubert a contribué à amplifier le travail de réha­bilitation de la musique baroque, notamment d’origine française, qu’avait entrepris la grande claveciniste Wanda Landowska.